L’épreuve du temps

Maison de la Photo et Gare SNCF, Lille.

2017

Maison de la photographie, Exposition de Nikos Aliagas du 21 avril au 18 juin 2017. Nikos Aliagas expose ses portraits sans artifice, loin des clichés de la télé « L’Épreuve du temps », l’exposition qu’accueille depuis samedi la Maison de la photographie, révèle un autre Aliagas plus mystérieux et plus profond, homme de télévision et de radio certes mais aussi un être en quête de lumière plus intime observant l’existence sur le fil du temps. 


« Le temps ne fuit pas, c’est nous qui le dispersons à grandes enjambées. Parfois malgré nous, souvent par dépit. On essaie de l’oublier, de le masquer, de le transformer, en vain. Lui ne nous nie jamais. Il finalement notre seule constance, notre seule certitude.
Courageux et bienheureux ceux qui l’accueillent sans le craindre.
Ces êtres me fascinent car ils portent le temps comme un témoin inexorable de leur existence, ils en reconnaissent l’épreuve et ils ne craignent pas ses preuves. Je ne photographie pas les êtres pour prendre mais pour comprendre nos silences et nos errances. J’aime une image lorsqu’elle n’est pas esclave de son époque, lorsqu’elle arrive à contourner son essence périssable pour toucher l’indicible, l’intemporel. J’aime la photographie qui sort du cadre chronologique, celle qui se fraye un chemin entre l’apparent et le latent. Comme un futur antérieur qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets.
Egdar Morin nous dit que « ce qui éclaire demeure toujours dans l’ombre », c’est précisément cette ombre si vivante et si fragile qui m’attire, cette projection infinitésimale de nous-même, cette image qui se développe dans la chambre noire de notre esprit, bien souvent à notre insu. Et ses paradoxes : ce qui fût, sera et ce qui a été, ne sera plus. Dans la Caverne de Platon, seuls les ignorants ne doutent pas. Et si le temps n’avait pas d’emprise sur nous ? Et si nos visages, nos mains et nos corps n’étaient qu’une illusion, qu’un jeu de plus de l’implacable temps? Je photographie ceux qui se souviennent de l’éphémère et qui acceptent l’idée du passage. Tous ceux qui ne trichent pas. A quoi bon ? Dans l’œil du vieux sage, les rêves de l’enfance ne meurent jamais. Immortel celui qui déploie ses ailes d’un seul regard. »

Nikos Aliagas