L’Esprit grec

Vincennes

2024

« L’Esprit Grec »
Exposition photographique de Nikos Aliagas à Vincennes du 9 avril au 6 mai 2024 place Pierre Semard et rue Eugène Renaud, avec la Mairie de Vincennes dans le cadre de la Fête de l’Europe et le centre culturel hellénique. Impressions et installation : Stéphane Danger et Goétic.

La Grèce de Nikos Aliagas n’est pas une carte postale en bleu et blanc, elle est contraste et silence, à la fois rurale et viscérale, urbaine et ancestrale. La lumière est pourtant là, erratique et cathartique, elle traverse l’histoire et les mythes, elle se pose sur les visages burinés par temps de clair-obscur, elle flirte avec des ombres à contre-jour à l’heure du crépuscule, elle transcende la matière et redéfinit les frontières du passé et du présent. « En Grèce les contours du temps s’entremêlent mystérieusement » nous dit Aliagas, « là-bas l’espace-temps n’est pas figé, il est un présent éternel comme écrit Modiano, un instant où les choses s’alignent avec justesse pour nous offrir quelque chose de brut qui est là, qui fut et qui sera encore longtemps ». Ainsi la fierté d’un paysan ou le regard mélancolique d’un ancien font écho avec le regard perplexe de la petite fille sur les hauteurs l’acropole ou le regard médusé d’un jeune lors du carnaval. Les images de Nikos sont poétiques, elles nous emmènent à Delphes, à Missolonghi, à Hydra, à Égine ou encore dans le Péloponnèse, là où les matières finissent par se confondre avec les lignes de fuite. Le derme devient écorce et la pierre millénaire sculptée par Chronos se transforme en figure vivante sous la lumière rasante. À travers ces instantanés, le photographe nous invite à découvrir l’humanité du théâtre d’ombres de l’existence. Lorsque les arbres dansent face à la mer et que les nuages deviennent, comme des présages, des lettres mystérieuses dans le ciel, Nikos Aliagas aime à rappeler les mots du poète Georges Séféris : « Nous devons trouver l’homme partout où il se trouve ». Dans cet espace-temps fragile et précieux, l’impermanence est fille d’espoir car les pierres se souviennent, certains y voient des ruines, le photographe y trouve l’ adn de son chemin initiatique. Dans un monde où chaque image remplace l’autre dans l’indifférence, « L’esprit Grec » incarne donc une résistance à l’amnésie collective.