Cannes
2020
Exposition gratuite sur la croisette, du 25 juin au 3 septembre 2020, en collaboration avec la Marie de Cannes.
Thálassa (Θάλασσα)
Peuples de la mer
Nikos Aliagas a un rapport particulier avec la ville de Cannes, depuis ces débuts de journaliste, il n’a jamais coupé le lien avec cette ville qui lui « rappelle le pays de ses parents, la Grèce », citoyen d’honneur de la ville de Cannes et il est aussi un fervent défenseur de la culture de la côte d’azur. Dans son exposition « Thalassa » chaque photographie révèle l’authenticité d’un lieu, témoigne d’un temps suspendu, immortalise des instants de vie, sincères et émouvants. A travers le prisme d’une enfance passée l’été en Grèce, de voyages aux quatre coins du monde et de son attachement particulier à Cannes, Nikos Aliagas propose une vision touchante et poignante de l’art de vivre Méditerranéen, de la Grèce à la Côte d’Azur, en passant par l’Italie, le Portugal ou encore Cuba. Les visages d’Aliagas se souviennent et communient dans un silence sacré qui n’a guère besoin de langage. Selon l’artiste, les populations du soleil ont en commun cette ligne d’horizon qu’ils observent depuis des millénaires, ce ciel mystérieux et les vents qui bercent les rivages.
« Les peuples de la mer se ressemblent, ils observent la même ligne d’horizon depuis des millénaires, ils respirent le même ciel embaumé d’embruns et de mystère, ils entendent les mêmes vents murmurer d’infrangibles présages qu’ils reconnaissent depuis l’enfance.
Les peuples de la mer portent en eux des mythes ancestraux et des dieux d’un autre temps, l’esprit versatile des hommes ne les affecte guère, entre ciel et terre ils savent pertinemment que le monde est mouvement perpétuel et que rien ne se fige à jamais sous le soleil. Un vieux pêcheur de la Méditerranée me disait que « les châteaux de sable les plus impressionnants redeviennent de simples grains de sel et de terre lorsque le flux de la marée reprend ses droits ». L’homme démêlait les mailles de son filet, indifférent aux bruits de son époque, regardant au loin comme s’il attendait un signal venu d’ailleurs.
Ici et là-bas, l’éternel promesse d’un départ ou d’un retour, Thalassa l’étendue salée est aussi une idée qui redessine les contours de nos certitudes, l’image prend alors une dimension poétique et un souffle créateur transforme la danseuse du présent en une vestale d’hier. J’observe ces adolescents insouciants sculptant l’alacrité de leur jeunesse face à la mer et je les imagine héros homériques, je salue le vieil homme couvert de boue sur la lagune et le voilà devenu aussitôt statue du commandeur, je suis les pas légers du moine silencieux et je le vois gardien d’un temple invisible. Les peuples de la mer, à la fois conquérant et conquis n’oublient jamais que le regard ne dit pas tout. C’est certainement pour cette raison qu’ils n’ont jamais délaissé le rêve, cette musique secrète qui entrouvre la porte des possibles, entre ombres et lumière. Ici, l’inconnu n’est pas ennemi, il nous rapproche de ce qui nous dépasse.
De mes voyages j’ai gardé quelques images, comme des promesses jamais trahies, des épigrammes fragiles dans les flux et reflux de la mer et du temps. La Grèce, l’Italie, le Portugal, Cuba, la France autant de regards que d’âmes, tous frères et sœurs face à l’horizon. Je suis heureux et ému de vous présenter pour la première fois cette nouvelle exposition, ici à Cannes sur la Croisette, une cité que j’affectionne particulièrement et avec laquelle j’ai noué des liens d’amitié et de respect. Je vous souhaite un bon voyage et de bons vents. »
Nikos Aliagas