13 mai 2024
Bienvenue à toutes et à tous. La pratique photographique dont l’essence même puise son inspiration dans le partage universel et la reconnaissance de l’autre a pris ces dernières années une place importante dans mon quotidien. Cette conversation intime dans l’espace-temps singulier du cadre est devenue un dialogue silencieux avec le monde qui m’entoure et se révèle chaque jour un peu plus indispensable. Une forme de résistance, non pas au temps qui passe (car il se moque de nos états d’âme) mais à la frénésie avec laquelle chaque image remplace l’autre.
Mes images ne sont que des témoignages et cette plateforme n’a pour seule ambition que le partage. Une invitation à découvrir ou à imaginer des histoires réelles ou imaginaires issues de mes voyages, de mes rencontres ou de mes réflexions. Je ne photographie pas pour comprendre, il me faudrait bien plus d’une vie pour définir avec clairvoyance ce qui nous entoure sans tomber dans le jugement à l’emporte-pièce mais pour apprendre de ce que je ressens et de ce que je crois percevoir le temps d’un dixième de seconde. Un moment aussi furtif qu’un battement de cil et aussi éternel que la lumière du jour qui embrase la ligne d’horizon depuis sa création. J’ai le sentiment qu’on ne crée pas une image, elle existe déjà quelque part dans son essence. Et elle nous attend.
« Si tu ne cherches pas l’ombre, tu ne trouveras jamais la lumière » m’a dit un jour un vieux sage du mont Athos. C’est dans cette quête que je vous invite à faire un bout de chemin avec moi, pour retrouver notre part d’humanité dans le miroir de l’autre, pour saisir chaque ligne de fuite comme la promesse d’un retour à l’essentiel, pour espérer encore que le l’écho de l’existence soit plus fort que notre propre finitude. L’écrivain et photographe Nicolas Bouvier nous rappelle que, comme dans l’écriture, le secret d’une image réside dans « l’état de vision » de celui qui la prend, il permet de déceler « le contour de l’âme » du sujet photographié mais aussi de celui qui la reçoit. N’avez-vous jamais ressenti une connexion profonde et troublante dans une image ou dans un visage que vous ne connaissiez pourtant pas ?
Qui regarde qui ? C’est une question centrale que je me pose souvent, comme ici, à Venise il y a deux ans, lorsqu’à la première lueur du jour sur le mur décrépi d’une chambre d’hôtel, je croise dans mon champ de vision ce visage dont j’ignore tout. Son identité, celle de l’artiste qui l’a peint et son époque me sont inconnues. Mais cela a-t-il encore de l’importance quand un regard se révèle à nous ainsi ? C’est probablement ce qui me rend le plus heureux dans l’errance photographique. Dans cet entre-deux monde qui transcende ce qui pourrait être banal car il bannit les certitudes, il existe un sentier ardu et incertain qui nous relie à quelque chose de plus précieux : notre besoin de plénitude. J’espère que vous prendrez part à ce voyage où l’imprévu devient sens. Je vous remercie de votre attention et je nous souhaite un bon voyage.
Nikos Aliagas